Deux maisons, leurs habitants, leurs constructeurs

[Cahier rouge, lundi 5 janvier]

Encore un mot sur la maison du 4 janvier. À la tombée de la nuit, nous montons un peu au-dessus. Une femme sur un champ a regroupé en tas des pailles sèches, tiges et feuilles de maïs, et y met le feu, tas après tas, entre lesquels elle circule, apparaissant devant les flammes, se fondant dans le noir. Grande paix.

Le lundi matin nous montons à pied avec Hung jusqu'à un village Thai d'une douzaine de maisons, à la limite de la forêt et des cultures (quelques rizières, maïs, manioc, bananes). Dans l'une des maisons, que connaît l'agence Rues d'Asie, une famille nous accueille. La maison est construite directement sur son sol de terre battue. Les zones pour le sommeil et les repas sont surélevées sur des planchers.

Le père de famille, après nous avoir salués, s'en va, en moto. Il est chaman et va officier à un mariage — bénévolement : il sera honoré en étant invité au repas et à la fête. Quand nous arrivions, il était en train de vanner du maïs à l'aide de deux corbeilles et d'un ventilateur électrique — les balles et poussières sont entraînées par l'air et des petits cochons s'en nourrissent aussitôt. Une de ses filles finit le travail.

Cinq petits enfants courent dans la maison. Ils appartiennent aux enfants du couple installés dans les maisons voisines.

La mère de famille met sa tenue traditionnelle, se laisse photographier, seule, avec un de ses petits enfants, avec nous…

En redescendant, nous nous arrêtons à une maison en chantier que nous avions remarquée en montant. Maison de forme traditionnelle sur pilotis, sa structure est entièrement en béton armé : poteaux, poutres, ceinture, faîtage et arbalétriers de la toiture, y compris leurs terminaisons courbes, et même les pannes, coulées dans des tuyaux de PVC de 120 mm. Aux articulations majeures de la toiture, les inscriptions votives traditionnelles ont été rendues en relief par des moules inclus dans les coffrages, et peintes ensuite de couleurs vives. Un dense échafaudage de bambou a permis à la maison de sortir du sol. À l'écart, un menuisier prépare, en bois, les pièces de l'autel des ancêtres (sculptées et peintes de la même vivacité).

De petites entreprises spécialisées produisent ces maisons pour [moitié] moins cher qu'une maison équivalente en bois. À la fin de la journée, nous verrons une dizaine d'autres maisons construites de cette façon, y compris une extension chez nos hôtes du soir.

D'autres maisons de cette journée, en bois, vannerie et palme, ou en béton (et toujours vannerie et palmes)…